29
Nov

Mon histoire de co-allaitement

Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours eu le désir très fort d’avoir des enfants. Je crois que cela est inné puisque j’ai une facilité déconcertante à interagir avec eux. En plus d’être la gardienne préférée des petits et des grands, j’avais la chance de travailler auprès des jeunes. 

Ma conjointe et moi avions décidé que ça serait moi qui porterait puisque l’appel d’être enceinte était nettement plus fort chez moi que chez elle. Mais la vie me réserve plusieurs surprises : chaque fois que nous voulions essayer, le destin nous mettait des bâtons dans les roues. Après plusieurs années, ma conjointe m’a dit qu’elle allait essayer aussi. Et, du premier coup, elle est tombée enceinte! Quelle bonne nouvelle, nous allons être mamans d’un petit garçon! Mais nouveau problème pour moi : comment pourrais- je me sentir mère sans avoir porter l’enfant et sans aucun lien biologique. Ce n’est que lorsque nous le vivons que nous comprenons vraiment le défi que cela représente. Nous cherchions des familles qui ont vécu la même situation que nous pour nous aider. C’est à ce moment que nous avons découvert le co-allaitement grâce à un groupe Facebook. Nous nous sommes informés un peu ici et là, mais la réalité est que peu de gens sont au courant. Mon médecin de famille et le médecin de suivi de grossesse de ma conjointe n’étaient pas assez informés pour nous prescrire le protocole nécessaire. Nous avons dû faire les démarches auprès d’une conseillère en lactation : nous avons trouvé là une aide précieuse. Nous avons eu toute la documentation et les informations dont nous avions besoin. Nous nous sommes senties en confiance et beaucoup moins seules dans ce projet.

Selon le protocole que j’avais choisi :

Alors que ma conjointe avait déjà 5 mois de grossesse de fait, j’ai commencé à prendre la pilule contraceptive en continu pour faire croire à mon corps que j’étais enceinte moi aussi ainsi qu’un médicament qui stimule les glandes mammaires. Je n’ai eu aucun effet secondaire et rapidement nous étions rendus 6 semaines avant l’arrivée prévue du bébé. J’ai arrêté la pilule contraceptive et j’ai commencé à tirer mon lait (avec un tire-lait double électrique avec lequel nous pouvons ajouter la force de la succion) dès le jour un, nous avons vu les premières gouttes couler. Quel bonheur le traitement fonctionnait à merveille pour moi. 

J’ai tiré mon lait aux 4 heures, même la nuit, jusqu’à l’arrivée du bébé. Plus les jours avançaient, plus j’étais capable d’augmenter la force de la succion et plus la quantité de lait devenait importante. C’était une vraie réussite puisque j’étais très assidu. 

On m’avait conseillé de garder mon lait au congélateur le temps que la montée laiteuse de ma conjointe arrive.

Notre fils est arrivé à la date prévue, mais après 15 heures de contraction, il était toujours mal positionné et il fallait se rendre à l’évidence, il n’arriverait pas à sortir naturellement. Direction césarienne! Maman bedon n’était pas en état de prendre tout de suite notre fils, alors c’est à ce moment que mon rôle devenait plus qu’important. Je l’ai pris sur moi en peau à peau pour essayer de l’aider à mieux respirer, mais il avait des sécrétions qui l’empêchaient d’être confortable. Le médecin voulait l’envoyer en observation néonatale si sa respiration ne s’améliorait pas. On m’a alors suggéré de lui donner le sein… incroyable!!!! Il avait déjà une bonne succion, rien à voir avec un tire-lait. Et voilà, tout est rentré dans l’ordre, il respirait super bien. 

Maman bedon a pu se reposer pendant que bébé buvait 10 minutes un sein et 10 minutes l’autre sein, bébé avait maintenant la bedaine pleine et une respiration parfaite.

J’ai apprécié le sentiment de pouvoir venir en aide à notre fils à ce moment précis.

La prise aux seins était plus facile avec moi qu’avec maman bedon puisque nos mamelons sont différents, mais nous avons persévéré (les infirmières nous ont vraiment bien aidées). Nous avons eu notre congé d’hôpital rapidement. Maintenant que nous sommes à la maison, pour ne pas perdre notre production, quand une maman allaite bébé, l’autre maman doit tirer son lait.  Cela demande une grande motivation pour faire ce processus puisque nous devons tirer notre lait ou allaiter toutes les deux au moins aux 4 heures, en revanche si l’allaitement est priorisé, cela permet de nous relayer. Ce qui est grandement apprécié puisque nous savons que l’allaitement est très demandant les premières semaines.

Une chance que nous étions deux à allaiter et que nous avions une petite réserve au congélateur parce que nous avons un petit gourmand. 

Grâce au co-allaitement, je me suis sentie vraiment impliquée et présente dans mon rôle de parent. Ce processus m’a permis de faire le peau à peau à chaque boire que je donnais, ce qui m’a aidée à créer le lien d’attachement plus rapidement. 

Je remercie la médecine et l’ouverture d’esprit de la société de m’avoir permis de vivre cette magnifique expérience. Malgré tous les efforts que cela demande, ça en valait vraiment la peine. Je recommencerais demain matin.

Chantal