témoignage écharpe
6
Oct

Allaitement induite et tire-allaitement exclusif

Je me souviens encore quand j’ai acheté cette écharpe d’allaitement. Je l’ai choisie soigneusement, tu étais encore toute petite à l’intérieur de moi. Probablement 15 semaines, tout au plus. Je me suis dit qu’enfin, j’allais pouvoir allaiter « naturellement ». J’allais être celle qui avait ce privilège. À ton frère, c’est maman Sophie qui l’avait allaité principalement, puisque c’est elle qui l’avait enfanté. Moi, je ne lui donnais que quelques boires par jour. 

Au moment où j’ai acheté l’écharpe, je me souviens d’avoir passé en revue avec nostalgie tous les moments de douceur que j’avais avec Zachary lorsque je lui donnais le sein. 

Je me suis aussi rappelé à quel point le protocole pour induire mon allaitement avait été exigeant. J’avais dû travailler fort pour trouver un médecin qui savait comment nous accompagner là-dedans. Je me suis cogné à plusieurs portes avant de trouver, quelques mois avant sa naissance seulement, et à 45 minutes de la maison. J’ai dû prendre des hormones, de la Dompéridone, tirer mon lait, 12-13 fois par jour, incluant la nuit… m’endormir en tirant mon lait, traîner mon tire-lait gros comme un ordinateur des années 1990 au travail et dans toutes mes sorties, laver de la vaisselle, m’en faire avec ma production… Mais tout ça, j’étais déterminée à le faire pour vivre ces moments avec lui. 

Et je me souviens du sentiment de liberté que j’ai eu en achetant cette écharpe, que je choisissais pour moi. J’étais tellement comblée. J’allais pouvoir être celle qui te nourrit dès les premiers instants; sans protocole et ce même dans le lit la nuit, sans devoir rester debout 30 min et faire ma vaisselle ensuite. J’en rêvais! Maman Sophie allait faire le protocole d’allaitement pour toi aussi, mais moi, je n’aurais plus à me soucier de ça! 

Puis est venu ce jour où nous avons appris ton diagnostic de fente labiopalatine. Je me revois, à Sainte-Justine, pleurer en silence devant les médecins qui me défilaient tous les deuils que j’aurais à faire. « Donc, je ne pourrai jamais l’allaiter, c’est ça? ». Mon coeur se serre encore en écrivant ces lignes. 

C’est comme ça qu’a débuté notre expérience de tire-allaitement exclusif. Ta mère et moi avons tiré notre lait pour que jamais tu n’en manques. Cette fois-ci, nous savions exactement à quoi nous attendre : ce serait difficile, mais nous voulions le faire pour toi, comme pour ton frère. Sauf que cette fois-ci, nous avons acheté de plus petits tire-lait, haha! Et nous nous sommes entourées d’une communauté virtuelle de soutien. 

Après presque 9 mois aujourd’hui de tire-allaitement exclusif, chaque tirage est pénible. Mais je continue pour toi. Dernièrement, j’ai vu une phrase qui m’a fait un bien énorme : le tire-allaitement, c’est aussi ça l’allaitement. 

À toutes les mamans qui vivent ce deuil, ou bien qui choisissent le tire-allaitement par choix, on ne lâche pas!

Je t’aime ma Rosita, maman Jade

*tu as besoin de soutien, n’hésites pas à contacter une marraine d’allaitement.