Pour les nouveaux parents, l’arrivée d’un nouveau bébé est une période de grand bonheur, d’apprentissage et d’adaptation qui suscite beaucoup de questions. Le bébé humain est le mammifère le plus immature à sa naissance et nécessite une période transitoire, comme le petit kangourou. L’allaitement peut faciliter l’adaptation à sa nouvelle vie extra-utérine, que l’on nomme souvent le quatrième trimestre de la grossesse.
Bébé arrive de la ‘’planète utérus’’
Durant la grossesse, bébé a été nourri via son cordon ombilical, en continu. Il baignait dans un milieu doux et humide, constamment bercé par les mouvements et la respiration de sa mère. Sa naissance le parachute en quelques heures dans un Nouveau Monde. Il peut être normal qu’il réclame sa mère pour retrouver ses repères et qu’il ait besoin d’un certain temps pour s’acclimater.
Le contact peau à peau et l’allaitement sont les éléments qui pourront le plus le rassurer. Le colostrum a un goût similaire au liquide amniotique. Le lait maternel est teinté des saveurs des différents aliments que sa mère consomme. De plus, le fait de se retrouver dans ses bras, de se faire bercer, de sentir son odeur et d’entendre battre son cœur sont pour lui un doux rappel de sa planète utérus.
L’allaitement au rythme du bébé
Le nouveau-né à terme et en santé se réveille souvent et à besoin de téter fréquemment. C’est un moment crucial pour l’établissement de la production lactée, qui s’adaptera aux besoins du nourrisson et aussi, l’opportunité de faire l’apprentissage de la tétée, tant pour la mère que pour le bébé. Les parents doivent moduler leurs habitudes et profiter des périodes de sommeil du bébé pour se reposer.
Le bébé réclame 8 fois ou plus, par 24h, selon les signes qu’il est prêt à téter. L’alimentation et le sommeil sont régis par son horloge biologique, sur une période de 24 heures. La durée et les intervalles des boires varieront selon les besoins du bébé. Des tétées rapprochées se produisent souvent en soirée ou en début de nuit. Durant la première année, il est normal qu’un bébé se réveille 1-3 fois par nuit pour téter et en général, les nourrissons de moins de 6 mois, qu’ils soient allaités ou non, prennent 20% de leur quantité de lait durant ces tétées nocturnes. L’avantage est que la nuit, les taux d’hormone qui produisent le lait (prolactine) sont plus élevés et ainsi les boires nocturnes favoriseront une meilleure production. Le fait de donner des biberons la nuit peut interférer avec l’apprentissage de la succion et aussi réduire la quantité de lait produite. Autre fait intéressant, les mères produisent des hormones qui leur permettent de se rendormir plus rapidement et leur sommeil est plus réparateur après la tétée.
Dans certaines périodes, les mères observent une augmentation de la fréquence des tétées. Si la mère allaite à la demande, la production de lait s’ajustera à la hausse et en quelques jours, bébé sera plus rassasié. Le lait maternel sert de repas, de collation et à satisfaire la soif. Cet aliment, plus que complet, favorise aussi la croissance, le développement et renforce le système immunitaire du bébé. De plus, la relation d’allaitement permet d’apaiser, d’endormir, de consoler et de rassurer le nourrisson. Le fait de garder bébé à proximité permet de répondre rapidement à ses besoins, ce qui favorisera sa confiance et réduira ses pleurs.
Le soutien, l’encouragement et l’écoute du partenaire ou d’une personne significative sont inestimables lors du démarrage de l’allaitement. Celui-ci peut assurer le confort de la mère et du bébé durant la tétée. Entre les boires, le père pourra relayer la mère en en effectuant des séances de peau à peau ou en répondant chaleureusement aux autres besoins du nouveau-né. Sa participation permet de faciliter l’allaitement, ainsi que de prendre sa place de parent auprès du bébé.
Demander de l’aide au besoin
La relation d’allaitement permet une douce transition pour le nouveau-né qui arrive dans ce Nouveau Monde. Les nouveaux parents doivent se donner du temps pour apprivoiser le rythme de l’allaitement à la demande et les besoins de leur bébé. Demander de l’aide peut représenter un défi, mais il est normal d’en avoir besoin. Il ne faut pas hésiter à demander.
Le soutien de l’entourage peut être facilitant lors des premières semaines avec un bébé. Ceux-ci peuvent être utiles en offrant des repas préparés, du gardiennage, faire le ménage, aller faire les courses, etc. S’ils ont une expérience avec l’allaitement, leur soutien et leurs encouragements peuvent aussi être utiles.
Des ressources professionnelles sont disponibles au cours de la période périnatale et au retour à la maison, pour favoriser l’apprentissage de l’allaitement, répondre aux questions et offrir des solutions en cas de difficulté.
Les organismes communautaires offrent aussi différents types de soutien indispensable pour les parents en pré et post-natal. (Marrainage, haltes-allaitement, ateliers d’information sur le nourrisson ou sur l’allaitement. etc.)
Consulter le site santeestrie.qc.ca/allaitement pour les détails des services de soutien disponibles dans la région.
Comme le dit un proverbe africain : ‘’Ça prend tout un village pour élever un enfant!’’
France Bolduc
Conseillère en soins infirmiers, consultante en lactation, IBCLC