20
Sep

Retard de Développement et troubles de l’oralité

Votre enfant dessine la langue sortie?

Si votre enfant fait partie de ceux qui tirent la langue pendant qu’il écrit ou pendant qu’il se
concentre, ne soyez pas surpris, car ce geste très curieux est plus courant que vous ne le
pensez.
Chez certains enfants, la langue sort de la bouche lorsqu’ils écrivent puisque ce geste provient
des réflexes liés à l’allaitement et d’agrippement. En général, les bébés tirent la langue à la
naissance pour signifier à leurs parents qu’ils ont faim. Ce geste s’estompe lorsqu’ils
commencent à manger avec la cuillère. Tirer la langue par imitation, pour explorer, respirer par
le nez ou encore lors de maux de gorge, sont aussi des observations courantes chez les
nourrissons.
Mais alors, pourquoi les enfants tirent-ils la langue lorsqu’ils sont concentrés?
Le corps est doté de douze nerfs crâniens qui ont, entre autres choses, une action sur les
muscles des épaules et de notre visage. Ils agissent sur la mobilité des yeux, sur la mobilité de
la langue et agissent aussi sur notre expression faciale et notre communication verbale.
Puisque les neurones du cerveau responsables de la dextérité sont situés tout près des zones
neurales qui contrôlent la bouche, cette proximité anatomique serait responsable du geste
inconscient de tirer la langue lors de l’apprentissage de gestes manuels complexes, tel que
l’écriture. Les résultats d’études en neurosciences démontrent qu’au cours du développement
du cerveau, le contrôle des différentes fonctions du corps s’accroît et se raffine. Cette
maturation du cerveau signifie que les activités manuelles et de communication se réalisent dès
lors sans requérir l’activation du geste inconscient de tirer la langue.
Ainsi, l’enfant qui tire sa langue lors de l’exécution de tâches plus complexes ou qui demandent
une grande concentration pourrait être atteint d’un retard de développement.

Ce retard résulte souvent d’un manque d’intégration des réflexes archaïques ou d’un manque
de maturation de l’expérience neurosensorielle durant l’allaitement.
Les réflexes archaïques peuvent être inhibés dans leur maturation naturelle au cours des
premières années de la vie du a des réflexes de survie trop présents. Ceci se soldera en un
manque d’activation du nerf vague. L’activation sous optimale de ce nerf peut être responsable
d’une multitude de symptômes dont une perception excessive de stress, des troubles de
l’attention, des difficultés d’apprentissage pour nommer que ceux-ci.
Comme mentionné plus haut, les nerfs crâniens jouent un rôle majeur dans l’articulation de la
langue et la mâchoire, il existe une interrelation entre l’articulation de cette dernière et celle des
gros orteils et des pouces. Ainsi, lorsqu’un enfant ne passe pas par la phase de ramper, il est
possible qu’il ait du mal à intégrer la sphère langagière.
En médecine chinoise, le méridien du rein est l’un des plus importants du corps. Sa trajectoire
s’amorce sous la plante des pieds, et une de ces branches gagne la gorge jusqu’à la racine de
la langue. Encore une preuve que le développement moteur est essentiel au bon contrôle de
langue.
Une langue trop souvent tirée peut donc dénoter un trouble de l’oralité.
Le trouble de l’oralité est présent chez des enfants qui investissent difficilement le langage,
présentent des troubles de la déglutition, de la mastication, ou de la succion. Comme la succion
prolongée du pouce, de la tétine ou d’objets. Ces enfants auront tendance à ne pas éprouver du
plaisir à s’alimenter. L’introduction de nouveaux aliments sera donc difficile, ils seront très
sélectifs, seront intolérants à certaines textures et pourront même avoir des haut-le-cœur ou
vomir au cours d’un repas. Ce réflexe nauséeux observable a l’allaitement dès le premier
trimestre de vie pourrait en être la cause.
Mentionnons aussi que la dyslexie peut être liée à un trouble de l’oralité. Lorsque le réflexe
tonique du labyrinthe (RTL) n’est pas ou que partiellement intégré au cours des premiers mois
de vie, cela affectera la stimulation du système vestibulaire. Ce dernier est responsable de
l’analyse des perceptions visuelles et auditives qui permettent au corps de demeurer en
équilibre lors du mouvement.
Normalement, les réflexes archaïques s’intègrent et donc disparaissent au cours de la période
qui commence in utero et dure jusqu’à l’âge d’environ 2 ans. Lorsque des réflexes archaïques
sont rémanents c’est-à-dire lorsqu’il y a persistance partielle des réflexes après la disparition de
leur cause, une ou plusieurs des manifestations suivantes seront observables :

  • Difficulté de la sphère orale; l’enfant tolère mal la matière et préfère les liquides
  • Sensibilité tactile, auditive, visuelle entraînant la recherche ou évitement de stimuli
  • Hyper ou hyposensibilité
  • Manifestations réactionnelles de retrait ou d’évitement
  • Difficulté d’apprentissage
  • Manifestations motrices particulières telles que l’hypotonie, l’hyperactivité et l’agitation
  • Troubles de l’attention
  • Troubles du sommeil, énurésie, cauchemars
  • Dyslexie, dyspraxie verbale
    La rééducation par l’intégration des réflexes archaïques permettra de retrouver la maturité de la
    zone orale motrice à l’origine du bon développement des fonctions d’alimentation et du langage.
    Intégration sensorielle et son accompagnement
    Lorsqu’un parent ou un professionnel de la santé constate l’une ou plusieurs de ces
    manifestations, une évaluation des réflexes archaïques rémanents est pertinente. À l’aide de
    tests précis, le praticien établit un bilan des réflexes rémanents qui peuvent expliquer les
    difficultés développementales rencontrées.
    Ensuite, un plan d’intégration de modelage ou de remodelage des réflexes archaïques est
    déterminé. Il consiste en une rééducation neurosensorielle et myo-fonctionnelle combinant des
    séances avec le praticien et un programme quotidien de mouvements simples et répétitifs à
    effectuer à la maison. Les séances d’exercices d’une dizaine de minutes par jour devront être
    répétées pendant 4 à 8 semaines avant de constater un progrès.
    La rééducation par l’intégration des réflexes archaïques tels que le réflexe de Babkin, le réflexe
    de Moro, les réflexes toniques asymétriques du cou, le réflexe de traction des mains et bien
    d’autres permettront de retrouver un équilibre corporel à l’origine de la maturité perceptive et
    auditive indispensables à un bon apprentissage de la lecture, de l’écriture et bien entendu de
    l’oralité.
    La langue n’est pas qu’un outil pratique pour goûter. Elle est aussi une véritable carte de notre
    corps!
    Pour plus d’informations, il est possible de consulter.
    Annie St-Amour,
    Consultante en réflexe archaïque, RMT et spécialiste de base en MNRI.